
Une réécriture moderne et intimiste du mythe d’Hoffmann, en lien avec les préoccupations de notre époque où malgré la laideur du monde, le dégoût de la vie, notre dernière illusion sera encore l’art…
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À propos
Jérôme Correas et Stephan Grögler présentent Trois Contes d’Hoffmann, une réécriture intime et contemporaine du chef-d’œuvre d’Offenbach en théâtre musical sur le thème de l’artiste qui se détruit par son art. Dans une orchestration inédite (quintette à cordes, clavier numérique, accordéon), les chanteurs-acteurs revisitent les amours perdues d’Hoffmann, réincarnées en figures modernes – telles que Jim Morrison, Nina Hagen, Amy Winehouse ou Karen Carpenter – dans une cellule d’hôpital psychiatrique se métamorphosant au fil de sa folie.
Nous sommes en présence d’une œuvre inachevée, incomplète, que la mort du compositeur a empêché de terminer. Une aubaine en somme, car ces matériaux épars nous laissent toute liberté de créer une version théâtre musical d’une œuvre dont tout le texte n’a pas été mis en musique, et dont la version orchestrée de la main d’Offenbach n’existe pas. Ainsi les récitatifs, ajouts postérieurs, deviennent des dialogues parlés, exigeant des chanteurs de réelles qualités d’acteurs.
Nous avons voulu également faire de cette version un espace de rencontre musicale, avec la confrontation de deux types de sonorités : d’un côté le quintette à cordes, et de l’autre un accordéon et un orgue électronique imitant divers jeux de percussions à claviers (marimba, glockenspiel). Ce « clash » sonore soulignera l’aspect étrange et surnaturel présent dans toute l’œuvre. La présence des musiciens sur scène, parmi les chanteurs-acteurs, permettra une mobilité qui rendra la texture sonore mouvante et l’écoute différente.De la même manière, les rôles seront distribués avec fluidité entre les chanteuses et chanteurs, laissant place à des surprises sur le genre ou l’emploi de certains personnages (Offenbach ayant lui-même confié le rôle de Nicklause à une voix de femme, dans la tradition des rôles travestis).
Et, pour renouer avec une habitude de l’opéra-comique et de l’opérette au XIXe siècle, il sera proposé au public de participer au chœur « Belle nuit, O nuit d’amour « , sous la conduite des chanteurs qui, à certains moments, aboliront la distance scène-salle dans une idée de partage direct de la musique.
La matière foisonnante et fascinante de ces Contes d’Hoffmann inachevés offre l’occasion d’un vrai travail de transversalité, à mi-chemin entre la tradition de la musique populaire et la musique savante, ce qu’en somme Offenbach avait toujours souhaité.
La souffrance créatrice d’Hoffmann, poète maudit, est au cœur d’un récit mêlant réalité et visions fantastiques. La musique, envoûtante, dialogue avec des instruments aux sonorités surnaturelles et une mise en scène immersive. Une fresque captivante, où l’art devient la dernière échappatoire face à la tragédie, invitant le public à se laisser emporter par le pouvoir de la création.
Effectif :
4 chanteurs : soprano, mezzo-soprano, 2 ténors
Quintette à cordes
Accordéon
Clavier numérique
Jérôme Correas, clavier et direction
Stephan Grögler, mise en scène
Production : Les Paladins
Coproducteurs :
– Centre des bords de Marne (Le Perreux-sur-Marne)
– Centre d’art et de Culture de Meudon
Équipe technique : régisseur général
Montage à J-1
Durée : 1h30 sans entracte
Tout public
Note d’intention théâtrale | Stephen Grögler
Je souhaite raconter la souffrance créatrice d’Hoffmann, un héros romantique de fin de siècle, à la fois rebelle et élégant, dans l’esprit d’un Galliano en « bad boy » ou dandy ultra-chic. Le récit inclut les destins tragiques d’artistes contemporains comme James Morrison, Serge Gainsbourg, et d’autres, marqués par l’alcool et la drogue.
L’action se déroule principalement dans une cellule d’hôpital psychiatrique, avec des flashbacks où le personnel hospitalier se transforme en personnages issus des souvenirs d’Hoffmann, écho aux rôles de son opéra. Ces réminiscences prennent la forme de ses femmes perdues et idéalisées, dans un style Galliano, ou de visions cauchemardesques comme la poupée désarticulée d’Olympia, façon Hans Bellmer. Giulietta devient une figure underground à la Nina Hagen avant d’évoluer en Stella, apaisée et glamour, à l’image d’Audrey Hepburn.
Le décor est minimaliste : une cellule blanche avec un piano à queue, un tourne-disque, un lit métallique et quelques pages vierges. À mesure que la folie d’Hoffmann progresse, la cellule se désagrège, laissant apparaître d’autres instruments à clavier (piano, orgue, Hammond, ondes Martenot) créant des ambiances musicales variées.
Les tuyaux de l’orgue deviennent des alambics ou des néons rappelant les enseignes des clubs nocturnes de Giulietta. Les murs blancs se multiplient en pages blanches géantes froissées et déchirées, symbolisant l’insatisfaction créative d’Hoffmann.
Le soignant favori d’Hoffmann incarne tour à tour ses valets, jusqu’à devenir une drag queen bienveillante personnifiant Nicklausse. Le tourne-disque fait résonner les voix, comme celle de la mère d’Antonia, des chœurs ou des passages symphonique issus de grande forme de notre opéra.
Je propose une partition réduite, adaptée entre autre pour les instruments à clavier présents sur scène. Les voix cèdent parfois la place à des sonorités inattendues, avec des références subtiles aux Doors, aux orgues Hammond ou aux Ondes Martenot. L’orchestre présent sur scène, vêtu de noir comme des médecins, représenterait des figures sombres et imaginaires accompagnant la chute du poète.
Des jeux d’ombres et de couleurs sur des bâches blanches, inspirés des «Schüttbilder » de Nitsch, enrichiront le visuel de la mise en scène.
Note d’intention musicale | Jérôme Correas
Vaste fresque musicale où règne le surnaturel, Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach fascinent par leur extravagance, et par ce mélange unique entre humour et noirceur absolue qu’ils dégagent.
Notre version appelée « Trois Contes d’Hoffmann » se concentre sur les personnages principaux et sur l’idée omniprésente d’énergie créatrice – celle de l’amour et celle de l’Art – luttant contre le pouvoir de la mort, énergie défendue par le poète, personnage central, mais aussi par sa muse et par trois femmes, réelles ou imaginaires, qu’il va rencontrer, nous ramenant sans cesse aux sortilèges de la musique : un automate qui chante, une chanteuse malade et une courtisane envoûtante au miroir magique.
Mais comme l’amour n’a pas le pouvoir de transformer le monde, la seule issue qui reste au poète est dans l’art.
En l’absence de version orchestrale de la main d’Offenbach, mort prématurément, nous avons eu toute liberté de créer une atmosphère musicale fantastique à partir de sa version originale pour piano, la seule authentique, et d’imaginer des sonorités évoquant le surnaturel et la transparence inquiétante des âmes errantes, en une version intemporelle aux multiples couleurs et résonances : vibraphone, orgue, marimba et autres percussions dialoguent avec des instruments à cordes et nous font voyager au cœur de l’écriture d’Offenbach, tandis que les chanteurs et chanteuses sont traités comme des comédiens, acteurs malgré eux d’une histoire dont on doutera constamment de la véracité.
On ne s’interdira pas de transformer les récitatifs – qui ne sont pas d’Offenbach- en dialogues parlés, et d’insérer des allusions à des personnages contemporains de créateurs maudits en miroir avec Hoffmann, bad boys ou bad girls en héros romantiques tels ceux évoqués par Stephan Grögler…





